La maison vide – Laurent Mauvignier – résumé

Résumé du Prix Goncourt 2025

La maison vide – Laurent Mauvignier – résumé

(Prix Goncourt 2025)

Tout commence dans une maison pleine de silence, hantée par les absences, les non-dits et les souvenirs effacés. Le narrateur, des décennies plus tard, remonte le fil d’une lignée familiale marquée par la honte, les secrets et les violences tues. À travers les figures de Marguerite, de sa fille Marie-Ernestine et de leurs ascendants, il tente de combler les vides de la mémoire, d’inventer ce qui s’est perdu.

Marguerite grandit dans une campagne française encore marquée par la guerre. Fille unique d’une mère autoritaire, Jeanne-Marie, et d’un père effacé, elle vit dans une maison gouvernée par les apparences et les prières. Adolescente, elle s’enferme dans la chambre de sa mère, fascinée par le piano interdit, les odeurs et les objets défendus. Cette transgression, d’abord enfantine, devient le premier signe d’un désir de liberté que la morale familiale étouffe.

Adulte, Marguerite épouse André, un homme droit, simple, mais bientôt happé par l’Histoire. Fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale, il passe plusieurs années en Allemagne dans un camp de travail. Pendant son absence, Marguerite survit seule, entourée de rumeurs et de soupçons. L’occupation allemande fait basculer son existence : elle rencontre un soldat, un homme jeune, parlant mal le français. Ce qui commence comme une curiosité devient une liaison. Quand la guerre s’achève, elle est dénoncée et tondue pour collaboration horizontale. L’humiliation publique, la honte, la haine des siens : tout s’effondre.

Le retour d’André est une épreuve supplémentaire. Ce n’est plus le même homme. Il revient détruit, silencieux, vieilli au-delà de son âge, incapable de dire ce qu’il a vécu. La découverte de la trahison de Marguerite scelle leur ruine. Il la méprise, la surveille, puis s’enferme dans une rigueur maniaque. Marguerite sombre dans l’alcool et la solitude. Leur fille, Marie-Ernestine, grandit dans ce climat empoisonné, témoin d’une guerre qu’elle n’a pas connue mais dont elle porte les séquelles.

Marie-Ernestine hérite d’une double malédiction : la honte de sa mère et la sévérité de son père. Adolescente, elle trouve refuge dans la musique. Un professeur, Florentin, la découvre, l’encourage, lui parle de littérature et de passion. Peu à peu, entre eux, naît une tension trouble. Quand Florentin lui prête Thérèse Raquin, la jeune fille comprend que le livre dit tout ce qu’ils n’osent nommer. Le désir, la transgression, la culpabilité. Elle rend le roman, rouge de colère et de confusion, incapable de démêler l’attirance du dégoût. L’histoire s’arrête là, suspendue, mais ce moment devient une brèche dans sa vie.

Plus tard, la jeune fille s’efface derrière la femme sévère qu’elle deviendra, murée dans le silence, figée dans la honte. Sa mère meurt seule, son père perd la raison. Lui, André, finit interné dans un hôpital psychiatrique après avoir tenté de tuer sa seconde épouse. Son fils – le père du narrateur – se tait à son tour, refusant d’évoquer cette lignée. Il ne reste qu’une maison, vide, pleine de fantômes et de souvenirs sans voix.

Le narrateur, des décennies après, revient dans cette maison abandonnée. Il y trouve les volumes jaunis des Rougon-Macquart, vestiges d’un monde disparu. Ces livres, comme les êtres qui les ont lus, sont rongés par le temps. Il fouille le grenier, soulève la poussière, cherche à comprendre. Faute de traces, il invente, recrée l’histoire de Marguerite, d’André, de Marie-Ernestine. Il tente d’écrire ce que la mémoire familiale a voulu effacer : la guerre, le désir, la honte, la folie.

Dans cette reconstitution, la fiction devient la seule vérité possible. La maison, lieu du silence et de la perte, devient un tombeau et un refuge. Chaque génération y a laissé son ombre. Marguerite, la mère humiliée. André, le prisonnier détruit. Marie-Ernestine, la fille figée. Puis le narrateur, héritier des absents, tentant de combler les trous du récit.

À la fin, il ne reste que cette idée : l’histoire familiale ne se transmet pas, elle se réinvente. Les souvenirs s’effacent, les voix se perdent, mais l’écriture redonne forme à ce qui n’a jamais pu se dire. La maison vide n’est plus seulement un lieu : elle devient le symbole d’une mémoire trouée, d’une lignée hantée par ce qu’elle n’a pas su raconter.

3 points clés de La maison vide à connaître pour faire semblant de l’avoir lu alors qu’on ne l’a pas lu

  1. La disparition du visage de Marguerite sur les photos de famille
    L’un des épisodes les plus marquants du livre est la découverte, par le narrateur, de vieilles photos où le visage de sa grand-mère Marguerite a été soit découpé, soit recouvert d’un trait rageur au stylo. Ce geste, répété, matérialise l’effacement symbolique de la femme honnie de la lignée. C’est à partir de cette absence que tout le roman s’organise : une enquête intime pour redonner un visage à celle qu’on a voulu effacer.
  2. Le secret autour de la liaison de Marguerite pendant la guerre
    Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marguerite, seule dans la maison, entame une relation avec un soldat allemand. Ce lien interdit devient le cœur du drame familial. À la Libération, elle est tondue publiquement pour collaboration, humiliée, rejetée par les siens. Ce passé, tu pendant des décennies, hante la maison et scelle la honte des générations suivantes.
  3. La quête du narrateur dans la chambre du cerisier
    Le roman s’ouvre et se referme sur cette pièce, appelée depuis toujours “la chambre du cerisier”. C’est là que le narrateur fouille les tiroirs d’une vieille commode, à la recherche d’une Légion d’honneur ayant appartenu à son arrière-grand-père Jules. Ce geste anodin devient une plongée dans le passé : chaque tiroir ouvert révèle des traces, des objets, des odeurs et des absences qui reconstruisent peu à peu un siècle d’histoire familiale.

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