L’École à deux vitesses – Jean-Paul Brighelli – résumé
L’École à deux vitesses – Jean-Paul Brighelli – résumé
(Jean-Paul Brighelli est l’auteur de la Fabrique du Crétin)
« L’École à deux vitesses » de Jean-Paul Brighelli explore la profonde fracture qui divise le système éducatif français en deux univers parallèles : une école des riches et une école des pauvres. L’auteur dénonce sans retenue un système désormais conçu pour préserver les privilèges des élites, tout en privant une grande partie de la jeunesse de toute chance de progression sociale.
Le constat d’une école à deux vitesses
Brighelli commence par dresser un constat accablant : la ségrégation scolaire est aujourd’hui une réalité intégrée et entretenue par le système éducatif. D’un côté, les enfants des classes favorisées, inscrits dans les meilleures écoles, que ce soit par le biais de leur localisation géographique dans les beaux quartiers, ou grâce à l’accès à des établissements privés hors de prix. De l’autre, les enfants des familles modestes, qui se retrouvent cantonnés dans des établissements souvent défavorisés, sans moyens et où la qualité de l’enseignement est, au mieux, inégale.
L’auteur s’insurge contre l’idée que l’école publique est encore un lieu de mixité sociale. La réalité est que les enfants issus de quartiers défavorisés se retrouvent massivement dans des écoles où l’offre pédagogique est limitée par les conditions socio-économiques des élèves. Brighelli montre comment la « carte scolaire », censée mélanger les populations, a finalement contribué à une étanchéité croissante entre les différentes classes sociales.
Le mythe de l’égalité des chances
Selon Brighelli, la réforme du « collège unique » mise en place en 1975 par le ministre Haby a renforcé cette ségrégation. Cette réforme prétendument égalitaire a en réalité nivelé le niveau par le bas, afin de permettre aux enfants des familles les plus favorisées de continuer à tirer leur épingle du jeu. Dans cette école à deux vitesses, la réussite scolaire est désormais un privilège héréditaire. Les enfants des élites disposent d’un accès à des classes préparatoires, à des écoles privées sélectives, ou encore à des options rares qui leur permettent de se distinguer dès le collège. Pendant ce temps, les enfants issus des milieux populaires se voient proposer une scolarité orientée vers des baccalauréats technologiques ou professionnels, généralement considérés comme moins valorisants.
Brighelli critique aussi le système Affelnet, un algorithme de sectorisation mis en place pour répartir les élèves au sein des lycées parisiens. Cet outil, en théorie conçu pour favoriser la mixité sociale, est perverti par des stratégies d’évitement des classes favorisées. Les parents aisés utilisent leur connaissance du système et leur réseau pour contourner les règles et inscrire leurs enfants dans les meilleurs établissements. En résultat, la mixité est une fiction et les inégalités se perpétuent.
Le rôle des enseignants et la nécessité d’une réforme profonde
Pour Brighelli, les enseignants ont également leur part de responsabilité dans cette crise éducative. La qualité de l’enseignement est très inégale, d’autant plus que les professeurs les plus expérimentés finissent dans les établissements les plus recherchés, laissant aux jeunes professeurs sans expérience les postes dans les zones sensibles. Brighelli critique la routine et le manque d’exigence qui gangrènent une partie du corps enseignant, ainsi que les méthodes pédagogiques à la mode qui, selon lui, nuisent plus qu’elles n’aident les élèves en difficulté.
Il appelle à une véritable refonte du système éducatif, basée sur l’excellence, la transmission des savoirs et l’effort. Brighelli plaide pour un retour à une forme d’élitisme républicain qui viserait à tirer chaque élève vers le haut, quels que soient ses origines ou ses moyens. Pour lui, la vraie méritocratie devrait consister à offrir les mêmes chances à tous, avec des programmes adaptés aux besoins et aux capacités de chacun, plutôt que de chercher à appliquer des règles uniformes qui ne répondent qu’aux intérêts des classes dominantes.
Conclusion : une fracture sociale qui menace l’avenir de la nation
En guise de conclusion, Jean-Paul Brighelli insiste sur l’importance cruciale de réformer le système scolaire français si l’on veut que le pays retrouve son efficience éducative. L’auteur prévient que le maintien de cette école à deux vitesses ne peut qu’accroître les inégalités et les tensions sociales, et qu’il est dans l’intérêt même des classes favorisées de promouvoir une éducation qui permette à tous les talents de s’épanouir. Il appelle à une véritable prise de conscience collective et à des actions fortes pour redonner à l’école son rôle de creuset républicain et de moteur de l’égalité des chances.
« L’École à deux vitesses » est un cri d’alarme sur l’état actuel de l’éducation en France, et une incitation à réagir avant qu’il ne soit trop tard pour les générations futures. Le livre de Brighelli se veut à la fois une analyse critique et un plaidoyer pour une révolution éducative capable de redonner espoir aux laissés-pour-compte du système.
3 points clés de « L’École à deux vitesses » à connaître pour faire semblant de l’avoir lu alors qu’on ne l’a pas lu
- La carte scolaire accentue la ségrégation sociale : Brighelli montre comment la carte scolaire, censée favoriser la mixité sociale, a en réalité renforcé la séparation entre les classes sociales, confinant les enfants des quartiers défavorisés dans des établissements de moindre qualité, alors que les enfants des familles aisées accèdent aux meilleurs lycées.
- La réforme du collège unique n’a pas apporté l’égalité des chances : La réforme de 1975, pourtant présentée comme un progrès vers l’égalité, a contribué à niveler par le bas et a laissé les enfants des milieux favorisés s’accaparer les meilleures opportunités scolaires, laissant les autres se diriger vers des filières moins valorisées.
- Le système Affelnet est manipulé par les élites : Affelnet, l’algorithme de répartition des élèves, est supposé créer de la mixité sociale, mais il est détourné par les familles aisées qui savent comment exploiter le système pour placer leurs enfants dans les lycées les plus prestigieux, contribuant ainsi au maintien des inégalités.
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