Comment ça va pas ? – Conversations après le 7 Octobre – Delphine Horvilleur- Résumé

Résumé de Comment ça va pas Delphine Horvilleur

Comment ça va pas ? – Conversations après le 7 Octobre – Delphine Horvilleur- Résumé

Oy a brokh’. Trois mots en yiddish qui ouvrent une conversation avec la douleur, une formule qui résume à la fois le désespoir et l’humour, l’absurde et l’inéluctable. L’auteure plonge dans ses souvenirs d’enfance, bercée par ces expressions que les anciens utilisaient pour ponctuer leur existence de dérision et de fatalisme. Cette introduction pose le ton : une plongée intime et historique dans une identité où la langue yiddish n’est pas seulement un dialecte, mais une manière d’exister, de porter en soi les cicatrices et la survie.

La langue de l’exil, celle qui ne trouve jamais d’ancrage, qui se dérobe aux dictionnaires et refuse les définitions fixes. L’auteure la perçoit comme un fil invisible, reliant générations et mémoires traumatiques, celle d’une communauté marquée par les expulsions et les tragédies, mais aussi par une résilience teintée de sarcasme.

Le livre est une longue conversation avec les morts. Le grand-père, l’agrégé de lettres classiques, amoureux du français, qui a trouvé le salut dans la rigueur de la grammaire et de la république. La grand-mère, elle, venue des Carpates, mutique, silhouette délavée par l’Histoire, qui n’a laissé que des silences et des non-dits. Entre ces deux figures, l’auteure grandit dans l’ambivalence, partagée entre l’assimilation et l’angoisse, entre la gratitude et la méfiance.

Le 7 octobre 2023 marque un basculement. Le présent réactive la mémoire, et avec elle, toutes les voix du passé se remettent à parler. Depuis, chaque interaction, chaque phrase anodine devient un champ miné. « Comment ça va ? » n’est plus une question ordinaire, mais une bombe à retardement. La peur est revenue, et avec elle, l’incompréhension d’un monde qui ne veut pas entendre.

La paranoïa juive n’est pas une lubie, c’est un héritage. Voir le mot « juif » partout, dans les phrases, dans les discussions, l’entendre même quand il n’est pas là. Une hallucination collective qui s’inscrit dans une répétition infinie de l’Histoire. Parce que tout se répète, avec un « crochet renversant », ce concept grammatical hébreu qui transforme le passé en futur et inversement. Rien ne disparaît vraiment, tout revient sous une forme ou une autre.

L’antiracisme d’aujourd’hui a trahi son combat. Le juif se retrouve seul face à une hostilité qui ne dit pas son nom, dissimulée derrière des causes plus acceptables. L’auteure dénonce cette hypocrisie, cette amnésie volontaire qui prétend distinguer l’ »antisionisme » de l’ »antijudaïsme ». Les vieilles rengaines n’ont pas changé, elles ont juste troqué leur apparence. L’antisémitisme n’a jamais eu besoin de justification, il trouve toujours un prétexte.

Entre l’intime et le politique, entre les fantômes et le réel, « Comment ça va pas ? » est un livre où l’humour sert de rempart contre la désillusion, où la langue est un refuge et une malédiction. Une conversation inachevée avec les morts, une réflexion sans concession sur la condition juive contemporaine, écrite avec la rage contenue de ceux qui ont trop vu, trop entendu.

Oy a brokh’.

3 points clés de « Comment ça va pas ? » à connaître pour faire semblant de l’avoir lu alors qu’on ne l’a pas lu

  1. Le concept du « crochet renversant » : Une règle grammaticale de l’hébreu qui permet d’inverser le passé et le futur, une manière symbolique de dire que l’Histoire se répète inlassablement.
  2. L’image du « petit veau » dans la chanson yiddish « Donna Donna » : Une métaphore poignante du destin tragique des juifs dans l’Histoire, condamnés à suivre une route tracée d’avance sans espoir de salut.
  3. La dualité entre le grand-père républicain et la grand-mère silencieuse : Deux figures opposées, l’une croyant en la France et son universalisme, l’autre marquée par l’exil et la douleur muette, reflétant les tiraillements de l’auteure sur son identité.

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