Le rêve du jaguar – Miguel Bonnefoy : Résumé
Le rêve du jaguar – Miguel Bonnefoy Prix Femina 2024 Résumé
« Le rêve du jaguar » de Miguel Bonnefoy nous transporte dans le Venezuela du XXe siècle, où l’on suit le destin hors du commun d’Antonio Borjas Romero, un orphelin abandonné à Maracaibo. L’histoire d’Antonio commence alors qu’il n’est qu’un nourrisson trouvé sur les marches d’une église par Teresa, une mendiante muette. Teresa, surnommée « la muette », est une femme brisée par la vie, rongée par les difficultés du quotidien. Elle se retrouve à s’occuper d’Antonio, non pas par affection, mais parce que la présence de l’enfant l’aide à attendrir les passants et à augmenter ses gains. Pour Antonio, Teresa est pourtant la seule mère qu’il ait jamais connue, même si leur relation est basée sur la rudesse et la survie.
L’enfance d’Antonio se déroule à « Pela el Ojo », un quartier misérable aux abords du lac de Maracaibo, où il apprend très jeune à mendier et à survivre dans un milieu impitoyable. Dès l’âge de trois ans, il est déjà capable de communiquer en langage des signes, avant même de parler espagnol. Teresa, qui ne le traite pas avec tendresse, le nourrit de fromages de chèvre et l’habille de guenilles crasseuses, tout en lui inculquant une méfiance naturelle envers les autres et les réalités de la vie. C’est dans cette ambiance qu’Antonio apprend à être rusé, notamment grâce aux leçons de Teresa sur la tromperie des marchands locaux, les épicés qui truquent leurs balances et les vendeurs d’eau qui falsifient leur marchandise.
Un événement marque cependant un tournant dans la vie d’Antonio à l’âge de onze ans : il vole une pirogue, ce qui l’expose aux foudres des riches du coin, notamment Asdrubal Urribarri, un notable influent. S’ensuit une poursuite éreintante, où Antonio se trouve traqué sur le lac, poursuivi par un chien féroce. C’est lors de cette épreuve que se manifeste sa remarquable volonté de survie et sa capacité à s’adapter. Réfugié en haut d’un palmier, il échappe à ses poursuivants, mais cette expérience laisse des traces et l’incite à aspirer à une vie meilleure. Teresa, touchée par la fragilité de l’enfant, décide alors de le protéger et de lui donner une chance d’échapper à cette existence misérable.
Par la suite, Antonio se mue en vendeur de cigarettes. Une machine à rouler des cigarettes trouvée par Teresa lors de son abandon sur les marches de l’église devient son outil de travail. Il roule des cigarettes et se rend sur les quais de Maracaibo, là où les travailleurs se rassemblent, et se fait peu à peu une clientèle. Mais c’est en tant que porteur de marchandises sur les quais qu’il commence à faire fortune, délaissant vite la vente de tabac au profit de la force de ses bras, qui lui rapporte davantage.
Antonio se retrouve finalement employé dans un bordel célèbre de la région, le « Majestic », dirigé par une femme influente, Lucrecia Montilla. Là-bas, il fait la connaissance de Leona Coralina, une prostituée énigmatique qui devient son initiatrice dans le monde adulte. Leona, venue de Colombie pour échapper à un passé douloureux, trouve en Antonio un compagnon auquel elle enseigne l’amour et la résilience. Leur relation, marquée par des échanges profonds, lui permet de se transformer et de s’éloigner des affres de sa jeunesse.
Pendant ce temps, le Venezuela vit des bouleversements majeurs, marqués par la découverte de gisements de pétrole. Cette époque de transition attire des travailleurs et des aventuriers de tous horizons, transformant Maracaibo en une ville en pleine effervescence. Antonio profite de ce boom économique pour se frayer un chemin hors de la misère, quittant le Majestic pour travailler sur les chantiers pétroliers. Là-bas, il met à profit sa robustesse et sa détermination, devenant peu à peu un acteur incontournable des quais.
Un jour, Antonio rencontre un marin nommé Elías, qui possède une machine à rouler des cigarettes identique à la sienne. Cette rencontre déclenche une série de révélations sur ses origines. Elías lui confie une lettre destinée à son propre frère, don Victor Emiro Montero, demandant de prendre soin d’Antonio. Cela laisse entendre qu’Elías pourrait être le père biologique d’Antonio, qui l’avait abandonné des années plus tôt. Antonio quitte alors Maracaibo et se rend chez don Victor, qui l’accueille et lui permet d’accéder à l’éducation, une opportunité inespérée pour lui.
Sous l’égide de don Victor, Antonio se transforme une nouvelle fois, quittant la rudesse de la vie ouvrière pour les bancs de l’école. Sa soif d’apprendre le pousse à étudier la médecine, et il devient chirurgien, prouvant ainsi qu’il est possible de transcender son milieu d’origine. Il épouse Ana Maria, la première femme médecin de la région, une femme exceptionnelle qui partage avec lui l’amour de la médecine et de la justice sociale. Ensemble, ils ont une fille qu’ils nomment « Venezuela », en hommage à leur pays et à ses contradictions.
Venezuela, la fille d’Antonio et Ana Maria, est le symbole de l’attachement et de l’espoir pour un avenir meilleur. Bien qu’elle soit liée à son pays par son nom, elle nourrit une fascination pour Paris et l’Europe, un rêve d’évasion loin des tumultes vénézuéliens. Mais ses racines la rattrapent toujours, illustrant le lien indéfectible entre les individus et leur histoire familiale et nationale. Cristobal, son fils, sera celui qui, par l’intermédiaire de son carnet, parviendra à relater les aventures et les souffrances de sa famille, ancrant ainsi leur héritage dans l’histoire collective.
« Le rêve du jaguar » est une épopée familiale et une fresque historique, racontée avec un style flamboyant typique de Miguel Bonnefoy. C’est l’histoire de plusieurs générations qui se battent pour leur survie et leur dignité, dans un pays où rêves et réalités se mêlent sans cesse. Antonio incarne la résilience et la volonté de défier son destin, et son parcours est le témoignage d’une lutte acharnée contre la pauvreté et les épreuves de la vie. Ce livre nous plonge dans l’histoire du Venezuela, avec ses transformations économiques et ses bouleversements sociaux, tout en explorant les dynamiques familiales et les liens qui unissent les générations.
Laisser un commentaire